NSS
FRANCE
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La
lettre N°12 - Mars - Avril 2005 |
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Sommaire |
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Face
aux sollicitations répétées récemment, nous
avons décidé d’éclaircir notre position concernant
la politique spatiale européenne en générale. Vous
connaissez bien notre position sur les vols habités, déjà
exprimée dans les 15 propositions sur 5 ans mais qu’en est-il
du reste ? En réalité, nous avons déjà abordé
quasiment tous les sujets lors des différents articles précédents,
mais il faut savoir synthétiser. Sous forme de questions-réponses,
nous tenterons de mieux vous faire comprendre notre point de vue. |
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Ce
succès doit nous porter à réfléchir. La découverte
scientifique d’un nouveau monde, les pluies de méthane, le
sol « en crème brûlée », les moins 180
degrés, le cryovolcanisme, des milliers de données et toujours
plus de questions soulevées pour les chercheurs qui vont devoir
travailler des années afin de trouver un modèle compatible.
Tout cela est parfait, la découverte de ces connaissances est naturelle
à l’humanité. |
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Depuis
de nombreuses années, Monsieur Serge Brunier s’est fait une
spécialité de nous donner son commentaire sur les vols habités.
Il « baigne dans le milieu aérospatial depuis plus de 20
ans… » Ces livres traitant du ciel et de l’espace sont
traduits en une dizaine de langues et se sont vendus à près
de 300.000 exemplaires, il connaît de nombreux astronautes !!! Enfin
quelqu’un de compétent !!! Hélas son dernier article
dans la revue Science & Vie de Mars 2005 intitulé : «
Retour sur la lune : est-ce bien sérieux ? » est un modèle
de démagogie, d’empirisme et de manipulation. |
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La
recherche fondamentale engendre toujours les principes qui serviront au
développement de nouvelles technologies et ne vise pas seulement
à satisfaire les projets justifiés des scientifiques. D’autre
part la conquête de Mars, en constituant un véritable défi
pour notre science et notre technologie, sera un des principaux catalyseurs
des activités humaines pour les siècles futurs. Dans différents
articles que nous avons publiés au cours des années passées,
nous nous sommes efforcés de démontrer pourquoi et par quel
type de stratégie, un accroissement des activités de l’homme
hors de sa biosphère (Lune, Mars et astéroïdes) était
la seule opportunité pour sortir de certaines impasses économiques
et technologiques. |
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L’ESA
? La Commission
Européenne. (Les institutions politiques européennes)
? La Constitution
Européenne ? Le CNES
? La coopération
? Un programme
d’application (Galileo, Satcoms, EGNOS, GMES) ? Travaux
sur les lanceurs ( et FLPP) ? Le programme
spatial scientifique de l’Europe? Les vols
habités ? Les crédits
? Conclusions
: Exprimer son esprit critique est nécessaire, c’est un comportement républicain, démocratique et surtout citoyen soucieux de l’avenir de ses proches. Si parfois nous pouvons paraître utopistes, sachez que nous acceptons le compliment et pensons que le monde n’avance que grâce à de nouvelles conceptions et idées qui sont elles-mêmes confrontés aux précédentes. C’est l’éternel débat des Anciens contre les Nouveaux. Nous sommes l’Europe nouvelle et entendons promouvoir nos idées sur le champ politique, ouvert par nature, au changement perpétuel. Nous engageons les personnes préoccupées par la politique spatiale européenne à agir et à nous rejoindre. Nous croiserons nos idées, débattrons sans fin, ferons progresser nos conceptions et surtout essayerons d’influencer encore plus le cours de la destinée européenne. Cela ne fait
que commencer. Nicolas Turcat - Président de la NSS France. NDLR : Attention, les propos tenus dans cet article n'engage que l'auteur.
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Mais il est un autre aspect plus fondamental, ce sont les efforts nécessaires qu’il faut développer pour acquérir ces connaissances, le lanceur capable de propulser cette sonde aux confins du Système Solaire, les générateurs d’énergie nucléaire capables de lui permettre de fonctionner dans cette ambiance, la masse de calculs, de travaux technologiques pour créer Cassini/ Huygens, les réseaux de communications à concevoir etc… et tout cela pour une sonde automatique ! Imaginons ce que serait la masse de recherche et de travail à produire s’il s’agissait d’envoyer des hommes pour une mission scientifique sur Mars ! Dans le passé l’exemple de la Lune est flagrant, c’est le défi lancé par Kennedy et la mise en ordre de marche de l’industrie aérospatiale et autres pendant environ cinq ans afin de le relever qui créa une embellie dont les échos se propagent encore. Cependant les résultats scientifiques produits par ces expéditions lunaires, cette acquisition de connaissances sur l’astre, dans l’instant à des effets plus dilués et hypothétiques. Quelques scientifiques travaillent encore sur le sujet, quelques sondes poursuivent les analyses et les observations, la majeure partie des échantillons géologiques rapportés dorment, des musées vivent des objets-souvenirs du programme, la grande masse des retombées technologiques, en management, scientifiques, intellectuelles etc… est niée ou ridiculisée, mais des éditeurs produisent de beaux livres avec les mémoires des astronautes ou les photos réalisées sur la Lune. Que ce soit Cassini / Huygens, à petite échelle ou Apollo, c’est bien avec le défi lancé et confirmé dans l’organisation, la création et la concentration des moyens pour le relever que se met en place une dynamique engendrant rapidement, avec des activités de recherche, de construction et de logistique, une sphère potentielle comprenant l’enthousiasme, l’intérêt ,une bonne formation et de bons emplois ; enfin les lueurs d’une « nouvelle frontière » ou beaucoup peuvent y trouver à leur mesure de quoi s’y tailler un avenir décent. Ultérieurement le défi relevé, les connaissances acquises partiellement assimilées, une forme d’opération-explotation apparaît, servant à de nouveaux objectifs pour se hisser plus loin, l’effet devient multiplicateur et l’on change de dimensions économiques, scientifiques, techniques, culturelles. Cette alliance entre le défi humain de haute volée, l’organisation nécessaire à créer, et l’utilisation intensive de la création et du progrès pour le relever est le moteur de l’évolution humaine. Et Kennedy l’avait compris. C’est parce que faire vivre des hommes dans le Cosmos est difficile et complexe, et requiert en harmonie toutes les capacités humaines, que cette voie permettra d’offrir à tous un avenir décent ! A.T. Post Scriptum à propos d’une nouvelle mode : l’exploration ! Ce qui créa l’aviation, ce fut : «
Je veux voler, je veux faire du business ou même la guerre
avec ces machines » !!! « Je veux mesurer la température
de l’air à mille mètres, la pression atmosphérique
à dix mille pieds, ou sa composition » n’avait
pas besoin de ce fourbi compliqué qu’était les avions
à leur début, mais aussi ne pouvait pas créer un
nouveau potentiel d’activités qui deviendra une des plus
belles aventures industrielles du XXe siècle |
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Depuis
de nombreuses années, Monsieur Serge Brunier s’est fait une
spécialité de nous donner son commentaire sur les vols habités.
Il « baigne dans le milieu aérospatial depuis plus de
20 ans… » Ces livres traitant du ciel et de l’espace
sont traduits en une dizaine de langues et se sont vendus à près
de 300.000 exemplaires, il connaît de nombreux astronautes !!! Enfin
quelqu’un de compétent !!! Hélas son dernier article
dans la revue Science & Vie de Mars 2005 intitulé : «
Retour sur la lune : est-ce bien sérieux ? » est
un modèle de démagogie, d’empirisme et de manipulation.
Avec la critique de cet article il ne s’agit pas de soutenir sans
discernement la proposition de l’actuel président, cette
dernière a de nombreuses lacunes : applications de concepts économiques
envers l’agence spatiale donnant à douter des résultats
; financement de l’initiative risqué principalement par transferts
ou abandons ; le pays est engagé dans une guerre dont l’issue
est incertaine ; le budget militaire énorme ; depuis le 14 janvier
2004, le président, n’a pratiquement jamais abordé
ou soutenu sa proposition en public, laissant à la NASA ce travail,
et pourtant les choses se mettent en place ; le processus budgetaire américain
entre l’exécutif et le Congrès conduit souvent à
des luttes dévastatrices pour le programme spatial etc. Malgré
tout cette « vision », d’après nous,
demeure une base adéquate pour concrétiser l’hypothèse
d’un avenir humain dans l’espace. De plus, ailleurs, il n’y
a rien, la prospective générale n’existe plus ou s’enracine
dans le pessimisme, l’égoïsme individuel remplace l’objectif
commun. En Europe certains veulent opposer le projet Aurora à la
proposition américaine, mais des concepts politico-économiques
en vogue le vident de sa substance.
A partir de ce constat, deux questions apparaissent à propos de cet article : L’homme a-t-il une place dans l’espace ? L’écrit de Serge Brunier démontre-t-il l’ineptie des propositions du Président américain ? Dans les colonnes précédentes de ces lettres nous avons essayé d’exprimer pourquoi la proposition d’une « spacefaring civilization » ne se réduit pas à une simple élucubration tirée de la science-fiction. Nul besoin de la recherche d’une vie extraterrestre, de l’explosion du Soleil, ou de la surpopulation, pour nous, la nécessité est simplement Humaine, donc intellectuelle et économique. Intellectuelle, car l’Homme veut s’éduquer, comprendre, aime imaginer, concevoir et créer, le défi reste un bon stimulant pour absorber ces qualités ; économique, dans le sens où ce terme représente un ensemble d’activités permettant à une collectivité de vivre décemment ! En imaginant et en donnant naissance par le progrès, la science et la technique à un potentiel d’activités en expansion, suffisamment général et vaste afin que chacun, en toute liberté, avec son niveau et ses envies puisse s’y impliquer, les exigences concernant un avenir décent pour l’humanité sont remplies. Les multiples défis à relever pour créer ex-nihilo une « spacefaring civilization » sont incommensurables, les accepter obligerait l’humanité à faire de tels progrès, dans tous les domaines, que ce choix d’avenir forcerait à des révolutions pour briser les barrières intellectuelles, scientifiques, techniques et économiques. La « gestion des affaires courantes » ne fonctionne plus ! Il faut imaginer et créer des potentiels que n’existent pas. Et tant mieux si la Lune n’est qu’un cailloux sec et froid ou Mars un « Tchernobyl » à l’échelle d’une planète, car la masse de Travail à fournir pour y faire vivre quelques individus - peut-être plus dans le futur – sera d’autant plus grande que les conditions y sont extrêmes. Nous pouvons en produire de la Science et de la Technique en tout genre avant d’y arriver. Encore une fois, la gestion à coût minimum, ou l’optimisation de ce que d’autres ont créé, il y a longtemps, ne répond pas à ce défi, il faut inventer et vraiment Innover. La mise en route, progressive mais impérative du « train humain » où le tracteur s’appelle « spacefaring civilization » et tire par le progrès et la science générés deux wagons nommés « développement des pays pauvres » et « véritable politique environnemental » peut réellement nous ouvrir un futur plus optimiste que celui proposé par la concurrence à outrance sur des produits éculés, le réchauffement de la planète et les emplois de service ! Deux affirmations mériteraient des explications complémentaires que nous reprendrons ailleurs : Le tracteur « spacefaring civilization » n’est pas séparable de ces deux wagons, harmoniquement, les trois font accéder à un avenir, choisir ou abandonner l’un au détriment des deux autres conduit à une impasse. L’astéroïde frappant la planète ne se voit qu’au cinéma, mais quelques informations récentes montrent que certains bolides ont des trajectoires proches de la Terre et que des collisions avec d’autres corps du Système Solaire existent. Nous pensons qu’une civilisation maîtrisant le vol spatial, établie au moins sur deux corps célestes est mieux à même de prévenir et de trouver des solutions à ce genre de problème qui n’est pas forcément que de la Science-Fiction. Monsieur Brunier démontre-t-il l’ineptie de la proposition du Président américain ? Nous le répétons
la proposition du président américain n’est pas
parfaite et ses chances de survie sont minces, mais elle existe. Elle
représente actuellement, qu’on le veuille ou non, l’unique
réponse à l’hypothèse d’une «
spacefaring civilization ». Cette dernière étant,
selon nous, la seule alternative cohérente et décente,
envisageable pour le futur de l’humanité. Vouloir démontrer
l’ineptie de la proposition par de l’empirisme ou des effets
de propagande relève du sectarisme et de l’intégrisme. Ceci introduit le second point de doute concernant la démonstration. L’auteur, dans son texte et dans d’autres lieux de débat se veut démystificateur, ambitionne, dans l’intérêt du contribuable, de rétablir la vérité à propos de l’inutilité de l’homme dans l’espace. D’aucun pourrait se dire : voilà un « chroniqueur scientifique » dénonçant la dictature de la technologie, du progrès, du complexe militaro-industriel et de la consommation, mais hélas ici aussi il y a tromperie. Par exemple, la majeure partie de l’argumentation de Monsieur Brunier repose sur les coûts supposés excessifs du plan présidentiel, pour cela il utilise « l’audit accablant » réalisé par l’Office du Budget du Congrès en septembre 2004. Effectivement ce dernier démontre dans ses divers scénarios que les estimations de la NASA sont optimistes et doivent être majorées grossièrement d’un tiers. Cependant l’étude constate aussi que « … les coûts définitifs des activités de la NASA, comme ceux de la plupart des programmes de développement majeurs dans d’autres organisations (tel que le DOD ) ont été historiquement plus grands que les estimations initiales anticipées. ». Les comparaisons de l’auteur dans le domaine des coûts sont également intéressantes : Un robot martien = 300 millions de dollars ; Apollo = 170 milliards de dollars, CQFD : envoyer un homme sur la Lune ou Mars coûtera 500 fois plus cher qu’un robot ! A NSS France nous proposons une autre interprétation : un robot de technologie connue comme Opportunity fit travailler une centaine de personnes pour sa construction et sa mise au point pendant trois ans pour une moisson scientifique proportionnellement captivante, des millions d’internautes pendant la durée de sa mission se connectent et rêvent devant les prises de vue, à plus long terme un millier de scientifiques par le monde vont être concernés, « Nature » publiera des articles, les connaissances et les hypothèses sur Mars évolueront, enfin quelques maisons d’éditions feront de beaux livres de photos. Apollo fit travailler 410.000 individus la meilleure année du programme sur des choses que personne ne savait réaliser, une planète entière rêva à un point tel que 40 ans après un président des Etats-Unis, que l’on qualifiait de peu concerné par l’espace, réutilise une variante du concept pour aller de l’avant. Il est vrai que la moisson scientifique des missions lunaires fut relative, mais les causes sont à rechercher dans un arrêt brutal du programme en raison de facteurs sociétaux et politiques discutables. Il n’en demeure pas moins que l’ère Apollo lança les plus belles missions scientifiques ultérieures dans le Système Solaire comme les Pioneers, Voyagers, Mariners, Vikings etc… Enfin partir du Viaduc de Millau en passant par l’Airbus 380 ou la Navette pour démontrer la demesure du projet américain est une approche ! A NSS France nous présentons l’affaire autrement : pour atteindre les objectifs de la vision en 2020 la NASA disposerait d’un budget global, toutes activités confondues, de 271 milliards de dollars, ou un un budget annuel sans augmentation de 16,8 milliards pendant 16 ans ; à titre de comparaison le DOD dispose de 400 milliards de dollars par an, les opérations en Irak étant exclues, donc dans la même période, à ce rythme, il aura consommé 6400 milliards de dollars !!! Le montant total des profits engrangés par les 5 premiers groupes privés mondiaux en 2004 : 84 milliards de dollars ; Procter & Gamble rachète Gillette pour 57 milliards de dollars etc… Tous les jours la presse financière nous livre son lot de démesures !!! Bien sûr certains vont hurler à l’amalgame, mais parler du budget « pharaonique » de la NASA ou dire que le budget de l’initiative Bush est égal à 10 fois le PNB de Madagascar ne sont pas des arguments recevables pour démontrer l’ineptie de la proposition américaine ! Et là encore monsieur Brunier ne fait que cautionner un processus économique à la mode paralysant toutes initiatives à long terme dans divers domaines. Beaucoup commencent à constater que ces mêmes incantations monétaristes néolibérales en vogue, par leur incompatibilité avec des investissements élevés sur des temps de développements longs, au profit de retours juteux et rapides sont incapables de soutenir la moindre ouverture vers l’avenir. Ce sont ces théories mal assimilées, étendues à tous les secteurs de l’économie qui depuis 35 ans font beaucoup plus de mal à la Science et à Madagascar que les quelques milliards de dollars péniblement alloués chaque année à la NASA. La troisième démonstration visant à démasquer la colossale utopie que représenterait l’affirmation présidentielle « Nous pourrions découvrir sur la Lune ou sur Mars, des ressources qui défient l’imagination » ne nous convainc pas plus. Avant tout, monsieur Brunier ignore les divers rapports des Academies américaines et utilise en référence celui de la « prestigieuse » « American Physical Society » ! Parfait, mais il faut dire que cette « Society » s’est particulièrement spécialisée depuis des années dans des positions contre l’homme dans l’espace ; quant à faire « bondir 45000 chercheurs » là nous sommes dans le langage de bois ! Dans la même veine il aurait pu en appeler à Robert Park de l’Université du Maryland (Voodoo science) ou à Messieurs Lebeau, Blamont ou Allègre ainsi qu’à Robert Bell ! « Exit l’astronomie sur la Lune, exit la base lunaire, exit l’hélium 3 » mais parions que si la moindre infrastructure était construite un jour là-haut, messieurs les « scientifiques » seraient les premiers à exiger leurs places et les moyens d’y travailler dans tous les domaines y compris celui de l’astronomie. Comment une personne prétendant être un « chroniqueur scientifique » peut-il être si radicale ? Un corps ou une matière présentant simplement un attrait culturel à un moment de l’Histoire comme le pétrole, l’uranium, la pierre d’aimant ne peut-il pas devenir stratégique quelques centaines d’années plus tard ! Une invention, un projet peut sembler de la Science-Fiction ou une utopie maintenant et devenir un potentiel économique incontournable dans un siècle. Cela nous remet en mémoire ce brillant officier supérieur qui en 1914, alors qu’on lui parlait du rôle de l’aviation, affirmait que tout cela n’était que du sport, la suite est connue. En complète opposition avec l’article actuel de Science & Vie, monsieur Brunier écrivait dans la revue Ciel & Espace, en 1989 un article intitulé : « 2025 : le grand télescope lunaire » ; en 1987 « Retour à la Lune » présentait les travaux de la NASA sur le sujet différemment : la production d’oxygène était la première industrie lunaire. ! Contrairement à ce que beaucoup pense les objectifs d’un programme spatial ne se réduisent pas à une forme de compréhension passive de l’évolution des planètes, de l’univers ou à la recherche de la vie ; Apollo et le programme lunaire avaient d’autres buts, cependant, ce fut dans leur foulée qu’apparurent les programmes scientifiques qui irriguèrent les décennies suivantes. Dans le système actuel, où toute grande perspective non-immédiatement rentable doit se plier à un pragmatisme monétaire superficiel éloignant toutes ressources financières, la communauté scientifique a du mal à percevoir que les dotations ne se résument pas à un problème de vases communiquant mais à un choix d’avenir. En interprétant la présence humaine dans l’espace comme un ennemi héréditaire - « envoyer un homme sur la Lune ou Mars coûtera 500 fois plus cher qu’un robot » - sans se rendre compte que de toute façon l’argent gagné sur l’humain n’ira pas au robot, elle « scie la branche sur laquelle elle est assise ». Là encore l’initiative américaine en mêlant les deux activités – bien que la question du financement reste à résoudre et hormis l’aspect émotionnel de l’affaire Hubble dont avons parlé dans d’autres lettres – n’est pas inepte. Enfin remarquons la manière « manipulatrice » avec laquelle est construit l’article, elle nous porte à douter de l’impartialité de monsieur Brunier ! Quelques exemples parmi un tourbillon d’affirmations assénées à coup de massue : Ce qui est en faveur de la thèse de l’auteur est traité de manière flatteuse : l’audit est accablant, l’American Physical Society est prestigieuse, les 45000 chercheurs bondissent ! Mais, le budget de la NASA est pharaonique, la posture à la Kennedy (du président Bush) avait fait sourire, on attend l’hypothétique satellisation de la navette, des noria de vaisseaux automatiques, les ingénieurs de la NASA ne savent pas comment retourner sur la Lune, le devis est largement sous-estimé, l’entreprise serait un gouffre financier, l’industrie aérospatiale américaine surdimensionnée depuis la fin de la conquête de la Lune, une colossale utopie, le seul argument du président qui fasse l’unanimité : il est inepte, etc. etc …. Tout cela n’est que du sophisme racoleur ! Qui a vu et écouté le président Kennedy au Congrès le 25 Mai 1961 puis le Président Bush le 14 Janvier 2005 au Headquarter de la NASA peut se rendre compte que les contextes, les concepts de société, les présentations et le organisations des programmes, les lieux, les ambiances, le charisme du premier, la réserve du second, tout est différent, rien n’est comparable ! Parler du budget pharaonique de la NASA en le mesurant à celui de l’ESA fait sûrement plaisir aux européens ! Mais cet écart demeure explicable, l’Europe ne croit pas au spatial habité, elle place ses ambitions dans des applications et services classiques (navigation, observation, communication) qu’elle espère juteux, elle y ajoute un peu de science, elle espère beaucoup et naïvement selon nous de la coopération avec le Russie, son mini-budget correspond à une logique de Marché, conservatrice et sans risque. La NASA qui investit plus dans l’espace et entretient une infrastructure pour le vol habité a un budget en conséquence ; par contre comparé à celui du DOD ou aux sommes du monopoly qui se joue à la Bourse tous les jours, le terme pharaonique ne nous semble pas adéquat ! Les tableaux du texte et leurs commentaires sont également révélateurs de l’empirisme de l’analyse et de l’orientation que l’auteur cherche à lui donner. Le premier : « L’exploration spatial en déclin. Les chiffres sont sans appel : le nombre de lancements en orbite est en chute libre. La conquête spatiale est passée de mode » ; et c’est exact ! Comme est passé de mode le développement de l’Afrique, le budget de la recherche fondamentale, et tous les grands investissements que le « Marché » décrète inintéressants quant aux retours d’investissements. En ce qui concerne l’espace, ce dernier considéra les services comme les communications, la navigation et l’observation comme juteux ; mais l’innovation technique, l’accroissement de la longévité des satellites et les diverses crises épuisèrent logiquement ces sources limitées. A part les sciences spatiales, apanages des agences mais qui durent se plier à « faster cheaper and better », le reste fut qualifié d’irréaliste, d’utopie, de science-fiction : donc exit comme aime écrire monsieur Brunier ! Le tableau « il manque 50 milliards de dollars » sur 15 ans est une des conclusions issue de l’étude du Bureau du Budget du Congrès ; il ne nous inquiète pas car il est évidemment impossible de chiffrer exactement des dépenses engendrées, sur une longue période, avec tant d’inconnues, pour ce genre d’activité. Cela était vrai aux temps de la construction des Pyramides et l’est encore avec un chasseur relativement classique comme le F-22. Une relecture des « Hearings » au Congrès pour les années 1962-66 montre, que contrairement à une autre idée reçue, l’argent n’était pas illimité pour l’agence américaine, elle mettrait aussi en évidence le travail responsable de l’Administrateur Webb pour maintenir le programme dans les enveloppes allouées. Nous ne reviendrons pas sur la valeur du dépassement sur 15 ans qui nous paraît ridicule par rapport à d’autres sommes évoquées plus haut. La gravure intitulée « Une ‘vision’ qui exige des moyens bien supérieurs au programme Apollo » reprend, à sa partie basse, l’infrastructure d’Apollo de 1969 à 1972 : 16 lanceurs construits, 12 astronautes sur la Lune ; puis au milieu, ce qui correspond au discours du président Bush, validé par la NASA et qu’elle tentera de concrétiser de 2005 à 2020 : 4 lanceurs, 1 alunissage, 2 astronautes sur la Lune ; enfin, en haut, ce que l’auteur appelle curieusement « la ‘vision’ de G. Bush… après 2020 » : 30 lanceurs sur 10 ans, 20 modules de commande, 200 tonnes, 20 LEM, une base lunaire, 60 astronautes ?! Mais là, nous sommes en pleine spéculation, ce n’est pas ce qu’a défini le président américain, au contraire, la proposition présidentielle doit rester ouverte à toutes les possibilités offertes par l’évolution des choses, ce n’est pas ce sur quoi travaille la NASA et cela n’entre pas dans les demandes de financement de la Maison Blanche ! Chaque phrase mériterait débat, nous arrêterons là pour aujourd’hui !!! En conclusion nous pourrions seulement accorder à l’auteur que la proposition du président américain est difficilement réalisable dans le contexte culturel, politique et surtout économique actuel. Le côté technique de la proposition est abordable avec l’état de l’art actuel ou supputé accessible, un effort important restant à réaliser pour enfin acquérir une sortie du puits gravitationnel terrestre efficace. La seule question restant en suspend est : Pendant combien de temps encore l’humanité va-t-elle accepter un corpus d’idées philo-économiques incapable de lui assurer un avenir ? Mais ne craignez rien, nous nous reverrons, monsieur Brunier a dans la tête un livre « pour informer le contribuable sur les fantasmes du vol habité » A.T. P.S. Bien
que n’apparaissent pas dans le texte de Science & Vie, il
est impossible de passer sous silence la délectation avec laquelle
Serge Brunier nous annonça, ailleurs, le report (pour lui l’abandon)
du programme Jimo/Prometheus. De même son approche de l’histoire
des technologies avec des exemples sur les causes de la stagnation des
performances dans les 40 dernières années dans des secteurs
comme l’aéronautique ou l’astronautique, nous confirme
qu’effectivement nous sommes à des années lumière
des concepts de sa vision de l’humain. |
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recherche fondamentale engendre toujours les principes qui serviront au
développement de nouvelles technologies et ne vise pas seulement
à satisfaire les projets justifiés des scientifiques. D’autre
part la conquête de Mars, en constituant un véritable défi
pour notre science et notre technologie, sera un des principaux catalyseurs
des activités humaines pour les siècles futurs. Dans différents
articles que nous avons publiés au cours des années passées,
nous nous sommes efforcés de démontrer pourquoi et par quel
type de stratégie, un accroissement des activités de l’homme
hors de sa biosphère (Lune, Mars et astéroïdes) était
la seule opportunité pour sortir de certaines impasses économiques
et technologiques. En effet un programmes martien à marche forcée
est le moyen le plus approprié pour opérer des sauts significatifs
dans 3 grands domaines scientifiques:la fusion thermonucléaire,
les rayonnements cohérents et l'optique biophysique. Tout ceci
constitue, pour reprendre l'expression de l'historien des sciences et
des techniques Bertrand Gille, le NOUVEAU PARADIGME TECHNOLOGIQUE dont
on peut attendre de nombreuses retombées pour la résolution
de problèmes terrestres, au premier rang desquels on pense aux
techniques agricoles et à la lutte contre la désertification,
à la biologie et à la médecine et, bien sûr,
à de nouvelles formes de production d'énergie. Des programmes
terrestres "directs" ne donneraient jamais le même niveau
de résultats, ce qui fait que ce défi devient en fait par
lui-même une justification. Grâce aux programmes martiens
nous pourrons mobiliser, au niveau international, les meilleures équipes
de chercheurs en les faisant travailler à la limite de la frontière
technologique et scientifique. L’intérêt essentiel
de la conquête spatiale ne sera pas d'apporter des produits de l’espace
(à exception des matériaux des astéroïdes et
du titane lunaire) mais de la connaissance qui transformera et -améliorera
notre mode de vie sur Terre.
Si l'on sait, qu'en tenant compte des meilleures technologies disponibles ou en cours de développement, l'envoi d'un seul kilogramme de charge utile vers Mars coûtera au bas mot 55000 à 60000 dollars, il n’est pas besoin d'être un économiste patenté pour comprendre que la seule voie permettant la conquête de Mars (et même pour de seuls buts scientifiques) consiste à implanter d'un seul coup toute l'artillerie énergétique et technologique permettant à la fois une totale autarcie et de poser de façon solide les bases d'un développement ultérieur. Un peu comme si on larguait dans le désert toute une équipe avec un gros camion chargé des abris à fabriquer, des systèmes de détection et de traitement de l'eau, des machines-outils, des systèmes agricoles clos et un véhicule, mais livré un pièces détachées. De notre point de vue, une fois les tâches préalables de repérage des sites et des ressources effectuées par des robots, mieux vaudrait forcer les étapes par une stratégie étalée dans le temps. Ces étapes sont la base relais en orbite terrestre basse, une base en orbite géostationnaire et, la plus importante, la colonisation et l'industrialisation lunaire, indispensables pour mettre en place les bases du programme martien en permettant de construire à meilleur coût dans l'espace l'architecture de base des vaisseaux en partance pour la planète rouge cette stratégie, à nos yeux la plus intéressante et apportant un formidable avantage par rapport à un lancement terrestre et un assemblage circumterrestre, est basée sur l'analyse selon laquelle des coûts d'investissement plus élevés au départ finissent, étalés dans le temps, par revenir MOINS CHER si ce projet débouche rapidement sur un processus autarcique, sans peser sur de lointaines ressources terrestres. Ainsi un projet international s'élevant entre 700-800 milliards de dollars, conçu selon une stratégie étagée et étalée dans le temps, serait plus intéressant, économiquement parlant, qu'un programme à 200 milliards de dollars ou à 50 milliards de dollars comme celui élaboré par Robert Zubrin et que l'on peut qualifier de funambulisme technologique. Pour réussir ce plan de conquête martienne, il faut éliminer dès le départ tout débarquement de prestige, ou constituant un "but en soi", et qui ne puisse par nature contribuer à enclencher immédiatement les étapes ultérieures. Si un tel type de programme était maintenu tel quel que la vision actuelle, sans être intégré dans une véritable stratégie cohérente de conquête de l'espace, fort grands seraient les risques de reproduire, à une toute autre échelle, la philosophie du vol Apollo-Soyouz de 1975. Chacun aura pu prouver son existence en tant que puissance spatiale, les médias se seront faits temporairement les témoins d'une expérience exaltante, quelques dizaines de kilos d'échantillons martiens auront été répartis entre quelques gros laboratoires, après avoir été ramenés par 6 ou 7 astronautes qui entreront dans la postérité ... Toutefois ces 250 à 300 milliards de dollars auront été dépensés sans déboucher sur quelque chose durable, en 2035 les heureux laboratoires travailleront toujours avec les mêmes échantillons, et les programmes martiens seront peu à peu mis en veilleuse par une décision du pouvoir politique qui trouvera "l’addition'' trop lourde. Les implications d'un programme de conquête martienne sont tellement énormes, et le coût des investissements de démarrage tellement élevé, qu'il nous faut dès maintenant définir la stratégie la plus adaptée devant conduire au succès dans un délai raisonnable. D’autre part il faut rappeler qu'en estime que chaque dollar investi dans le programme Apollo a engendré entre 10 et 20 dollars en retour dans l’économie civile, c'est à dire que la rentabilité de ce projet devra se calculer par ses effets sur le processus productif dans son ensemble. L'étape lunaire. La Lune sera indispensable au projet martien à cause des matières premières facilement exploitables situés dans sa croûte, Ses spécificités de son environnement, favorisant le traitement de ces matières premières un produits semi-finis et finis, et de sa faible gravité. Cette dernière représente l'avantage principal de la Lune pour la conquête du système solaire. Il faut en effet un Delta-V de 1,7 kilomètre seconde pour se positionner sur une orbite lunaire en partant de la surface de notre satellite avec des systèmes de propulsion peu performants. Le même Delta-V se situe à 2,4 pour échapper définitivement à l'attraction lunaire, chiffre à comparer aux 11,4 nécessaires pour échapper à la gravité terrestre et aux 7,9 nécessaires pour parvenir seulement sur une orbite basse terrestre en partant de Kourou ou de Cap Canaveral ... Ceci explique pourquoi, en termes d’énergie, les différentes orbites terrestres sont plus "PROCHES" de la Lune que de la surface terrestre et pourquoi il sera plus intéressant de construire nos vaisseaux martiens MAJORITAIREMENT à partir de composants et produits semi-finis lunaires qu'il serait possible de traiter dans l'espace. Se situant dans la perspective martienne, nombre des produits suivants pourraient, selon le pionnier Krafft Ehricke, être exportés vers l’espace: tôles et poutrelles d'aluminium, de magnésium, de titane, fer et alliages divers, verre et laine de verre, céramiques et alliages réfractaires, matériels d’isolation thermique et électrique, structures entières de métal et de différents alliages pour installations orbitales, boucliers thermiques, matériaux d’isolation, blindages et matériaux anti-radiations pour stations spatiales, réservoirs de combustible spatial, composants de vaisseaux interplanétaires.On trouvera donc parmi tout ceci une grande partie du matériel à déposer sur Mars et qu'il faut évaluer en MILLIERS de TONNES. Ces produits lunaires ne vont pas bien sûr être utilisés uniquement dans le cadre du programme martien. Ils permettront également de lancer un processus d'industrialisation en ORBITE TERRESTRE BASSE, car nombre des productions que nous venons de décrire s’intègrent dans le développement d'usines spatiales conçues pour la réparation des satellites, la construction de vaisseaux spatiaux et à de centrales productrices d’énergie, l’installation de petites usines automatique opérant dans les domaines des sciences de la vie et des matériaux. La réussite de ce processus dépendra de la capacité de l'industrie lunaire à fabriquer en masse des éléments standardisés facilement intégrables dans l'espace par une association homme-robots. Ces éléments pourraient être éjectés sur une orbite lunaire par des systèmes d'accélérateurs électromagnétiques, inspirés des idées d’Arthur Clarke et de l'ingénieur français Bachelet. Ces éléments seraient récupérés à cet endroit par des remorqueurs automatiques jusqu’aux orbites demandeuses. La colonisation lunaire changera donc radicaleinent les conditions du programme martien en constituant sa base économique et infrastructurelle, tout un réduisant les coûts de façon indirects grâce à un processus industriel autonome autour de la Lune et de la Terre. La solution du nucléaire. En "passant par la Lune", il serait possible de construire deus grands vaisseaux martiens qui devront impérativement être à propulsion nucléaire. En effet, l'emport de gros réservoirs à hydrogène et oxygêne liquides pour des moteurs chimiques conduirait immanquablement à l’échec de notre programme de conquête martienne ! Si l'on considère, après un grand nombre de missions de repérage automatiques destinèes non seulement à préparer débarquement humain mais aussi son implantation, et aprës que des cargos automatiques aient été lancés dans le but de livrer sur Mars les grandes quantités de matériel indispensables au processus de démarrage, il devient évident que des systèmes de propulsion chimique d'engins, même mis en œuvre et assemblés à partir d’une orbite basse terrestre, ne suffiraient pas à amorçer le processus de démarrage des activités sur la planète rouge. Si nous décidons d’aller sur celle-ci en construisant deux grands vaisseaux avec une architecture composée d'éléments lunaires, seuls viennent de la Terre le système de propulsion nucliaire, l'avionique, l'informatique et les systèmes de survie. Nous allons sur Mars non seulement pour ramener quelques centaines de kilos d’échantillons (rôle d’une partie de l’équipage qui reviendra sur Terre au bout de 400 jours) mais pour installer un important contingent de scientifiques, avec l'importante quantité de matériel adéquat, et qui sera relevé deux ans après que les planètes Terre et Mars seront de nouveau en position de conjonction favorable. Dans un articie que nous avions publié un 1996, nous avions expliqué qu'un projet conçu de cette façon pouvait permettre l’embarquement de 200 spécialistes capables d’oeuvrer éfficacement pour constituer le "noyau dur" à partir duquel vont pouvoir démarrer à la fois les indispensables recherches scientifiques et le processus économique et industriel autarcique. En tenant compte, pour chacun des deux vaisseaux, de l’emport d'environ 100 astronautes, du matériel scientifique sophistiqué non transportable par les cargos automatique à propulsion électronucléaire, précédant la mission et ultérieurement récupérés en orbite martienne, du ravitaillement, de l’eau, des systèmes de survie, de recyclage de l'air et des déchets, des modules de débarquement, c’est à chaque fois environ 1000 tonnes (sans compter la masse de notre vaisseau) qu'il nous faut faire parvenir en orbite martienne. Pour une simple opération de prestige de 6 à 7 astronautes, et en choisissant la solution chimique cryogénique avec un départ de la surface terrestre, la masse de la structure de départ, progressivement larguée lors des premières phases du voyage, se situerait aux alentours de 20000 tonnes (soit 10 fois plus que la navette américaine sur son aire de lancement lorsqu'elle est encore accolée à son réservoir externe et à ces propulseurs d'appoint SRB). Avec la solution terrestre nucléaire (solution nucléothermique où l'hydrogène liquide lancé à grande vitesse au coeur d'un réacteur sert à la fois de réfrigérant et de fluide propulsif), un départ "terrestre" implique encore une masse de 10000 tonnes, soit 5 fois la structure de départ de la navette. Dans in cas d’une option tout cryotechnique, il serait également possible' de réduire la taille des grands réservoirs d’hydrogène liquide (toujours dans le cas d'un programme de prestige impliquant 300 tonnes en orbite martienne) si on fait appel à !a solution pour Ie retour imaginée par les Américains Singer et Cutts. Celle-ci consiste à utiliser L’hydrogène et l’oxygène que l’on trouve dans les roches du satellite martien Phobos avant de les liquéfier. Dans la cas d'une option nucléothermique, cette opération ne concernerait plus que l’hydrogène. En fait, l'économie réalisée est en partie obérée par la complexité de l’opération et ne pourrait être intéressante qu'à partir d’un certain nombre de vols et si ses implantations industrielles existent à la fois sur Mars et sur Phobos. Sur l'orbite martienne, il serait effectivement intéressant de parquer une réserve de tankers à cet effet pour les liaisons entre Mars et les orbites terrestres ou lunaires. Il est bien évident, pour ces masses à faire arriver sur l'orbite martienne, que notre opération de débarquement implique un effort d'une toute autre échelle. Pour faire parvenir deux fois 10000 tonnes à proximité de Mars, il nous faut bien évidement envisager d’énormes vaisseaux, construits de préférence dans un chantier situé en orbite cislunaire, dont la masse se situe entre 5000 et 6000 tonnes, ce qui implique préalablement de traiter 15000 à 20000 tonnes de matériaux lunaires et d'apporter de la Terre (sur ces 5000 à 6000 tonnes) deux fois 400 à 500 tonnes. Cette dernière masse correspondrait pour les deux tiers à de gigantesque moteurs nucléaires amenés en orbite par des fusées Energya ou une version automatique de la navette comme la Shuttle-C, le SDHLV, le Side Mount Vehicle, Magnum ou Star Eagle assemblés en orbite. Sur les 4500 à 5000 tonnes résiduelles, la structure proprement dite du vaisseau (à cause en partie du des réservoirs d’hydrogène en cas de solution nucléothermique) en représenterait la moitié : les blindages nécessaires pour protéger notre important équipage des rayonnements .gamma. ‘’primaires" (venus du coeur du réacteur) et "secondaires" (induits par ces derniers à la suite de pertes d'énergie lorsqu'ils traversent des parois) s'élèveraient à 1500 tonnes et, enfin sur les 500 à 1000 tonnes résiduelles, le quart pourrait être destiné aux aménagements intérieurs du vaisseau et à ses équipements de contrôles informatiques et électroniques, tandis que le reste serait constitué par les chaloupes de débarquement martiennes et de petits vaisseaux robotisés nucléoélectriques. Un dérivé du système GPNER, ainsi étudié et proposé par les Soviétiques et apte à offrir une poussée de 400 à 500 tonnes, constituerait le système idéal. Ces GPNER, ainsi que les chaloupes de débarquement, seraient placés sur 1 extérieur du vaisseau dans de petites coques creuses fermées, accessible de l’intérieur pour d'éventuelles réparations. Ils pourraient aussi à la manière des remorqueurs de haute mer, être utilisés pour la dernière phase de mise en orbite de nos deux vaisseaux martiens, une fois les moteurs nucléothermique coupés. Là encore, nous voyons pourquoi cette opération ne peut être conduite que si elle est soutenue par une base industrielle lunaire préalable. Le coût de cette phase ne devrait pas dépasser les 200 milliards de dollars si nous opérons en "stratégie indirecte". il est évident que la phase proprement dite du débarquement martien sera la plus critique, et il faut pour cela que nos astronautes arrivent en bon état vers la planète rouge .... Permettant à masse égale une fourniture d’énergie 2 millions de fois supérieure au pétrole, le nucléaire spatial nous offre aussi des opportunités pour RÉDUIRE la durée du voyage vers Mars. Celui-ci n'est un effet pas une mince affaire à cause de la distance éloignée et variable avec la Terre. En effet lorsque la planète rouge se rapproche de nous, la distance la plus proche entre les deux planètes (dite de conjonction intérieure) avoisine encore les 56 millions de Kilomètres et cette opportunité ne se reproduit que tous les deux ans. Il est facile de comprendre pourquoi il faut lancer la vaisseau habité avant cette conjonction : du fait que la Terre se déplace plus vite que Mars, l’angle de visée entre le moment où l’on lance et celui où l’on arrive en vue de Mars aura considérablement évolué. Rap là même, la distance par rapport à la Terre ne fera qu’augmenter, rendant la voyage quasiment impossible à moins, bien sur, de pouvoir disposer de propulseurs matière/antimatière permettant de réduire le voyage à 36 heure ! (sic, NDLR : les propos de l’auteur ne regarde que lui-même !). Mais dans l'état actuel de la technologie spatiale, et en faisant des projections jusqu'en 2035, les contraintes respectives terrestres et martiennes de la mécanique céleste resteront donc la principal facteur à prendre en considération pour réduire la durée du voyage. Les calculs effectués en 1925 par l'allemand Hohmann montrent que la route martienne à énergie minimum impose à notre vaisseau de quitter l'orbite terrestre, ou lunaire, au moment où les deux planètes forment avec le Soleil un angle de 45 degré, et ce, quelle que soit la solution choisie, à savoir la cryotechnique chimique, le nucléothermique ou le nucléoélectrique lourd de type "groupe propulseur électroréactif’’ envisagé un moment par les Soviétiques. Dans le cas de la solution chimique cryotechnique, qui implique des réservoirs énormes et encombrants pénalisant la charge utile, si notre vaisseau est doté de la vitesse exigée, il peut alors se mettre en position d'intersection de l'orbite martienne 260 jours plus tard. Mais cette opportunité ne se reproduit que tous les 25 à 26 mois ... Pour le retour, il faut attendre également que les positions respectives de la Terre et de Mars soient favorables pour un voyage à énergie minimum, de 250 à 300 jours. et cette situation ne se reproduit que tous les 400 jours, ce qui implique une durée totale ce mission de 950 jours pour un équipage de 6 à 7 hommes. Sur la long terme, il apparaît donc déjà qu'il est plus "rentable" économiquement et humainement parlant d'envoyer des astronautes, au moyen d’une stratégie lunaire, pour une occupation permanente de Mars et capable d'une rapide autosuffisance. Le nucléaire spatial, combiné aux progrès effectués en matière de médecine spatiale dans le domaine des séjours de longue durée, nous offre déjà une solution partielle en permettant de meilleures performances en matière de poussée. Les calculs montrent que le voyage martien, dans la cas d'un départ cislunaire nucléaire permettrait de gagner de 35 à 85 jours par rapport à un voyage nucléaire classique partant d'une orbite terrestre basse: expliquons nous. Il ne faut pas oublier que , dans le cadre de notre de "rupture", nos vaisseaux nécessairement très grands, ayant l'avantage d’être assemblés sur une orbite lunaire, possédant une longueur de 120 à 150 mètres, seront égaiement propulsés par des moteurs nucléaires d’une puissance bien plus élevée que ceux qui étaient envisagés par Von Braun lui-même dans le cadre du plan qu'il proposa à la NASA en 1964. Celui-ci était basé sur l’utilisation par des vaisseaux martiens d'un propulseur Nerva délivré en 8 exemplaires. Les moteurs ultra puissants des vaisseaux géants à architecture lunaire nous offriront, par leur poussée continue pendant une forte proportion lu voyage, une réduction possible à 45 à 50 jours par rapport a une option 215 à 220 jours. Il est évident que de telles performances ne pourront être atteintes qu'au prix d'un effort de Recherche et Développement considérable. Avec quelques périodes de mini gravité, cela représente pour les astronautes un ensemble de contraintes physiques très inférieures à ce qu’ont réussi les astronautes russes Poliakov et Romanenko lors de séjours de longue durée dans l’espace. Il apparaît clairement que la conquête spatiale est indissociable de la colonisation lunaire et d’un développement massif de la propulsion nucléaire, fission puis fusion. Comme l’a écrit le regretté René Pellat, ex président du CNES et physicien des plasmas dans sa préface au merveilleux livre ‘’les trente premières années du CNES : ‘’Il faudra améliorer l’accès à l’espace par des solutions techniques nouvelles indispensables à la colonisation de la Lune et de Mars. Le jour où l’Humanité aura surmonté techniquement et surtout politiquement ses inquiétudes sur l’emploi de l’énergie nucléaire, d’autres perspectives s’ouvriront.’’ Philippe
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