NSS
FRANCE
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Ce mardi 3 février, l’agence spatiale européenne fit paraître un communiqué de presse concernant Aurora. Drôle de réaction suite aux annonces américaines de ces dernières semaines ! Nous ne vous cacherons pas que nous sommes restés perplexes en lisant le communiqué. Avec 2 semaines de retard, l’Europe réagissait maladroitement en nous resservant un projet, au demeurant ambitieux et plutôt complet, qui ne bénéficie d’aucun soutien concret de la part de la même agence. Comme s’il s’agissait de dire que ‘’nous aussi les européens, nous possédons des plans concrets’’ ! Encore une fois, nous doutons des intentions triomphalistes que ce genre d’annonces teintées de gros paradoxes comportent ! La Science : Justification maladroite d’Aurora. Avant tout, le communiqué de presse, diffusé par l’AP à partir de Londres. L’Angleterre est le dernier des grands pays à soutenir le programme spatial habité en Europe ! Nous rappellerons que sa participation globale aux programmes habités est de l’ordre de 8,20 % (source Air & Cosmos N°1920). Drôle de paradoxe… Ensuite remarquons la présence de Colin Pillinger, père du robot Beagle 2, dont, nous n’avons plus de nouvelles depuis plus d’un mois. Black-out total de la part de l’ESA sur le sujet (c’est un peu le même problème pour Mars Express). En plus de représenter un très gros échec de l’ESA, ce dernier personnage n’hésite pas à réitérer les volontés égoïstes de certains scientifiques : ‘’il est important de déterminer si la vie a existé sur Mars’’ ! Ce genre de débat, digne d’une l’époque où les partisans du ‘’tout robotique’’ s’opposaient à ceux du ‘’tout humain’’ ne doit plus entraver la marche d’Aurora vers sa concrétisation. En effet et pour faire bref, le jour où l’on découvrira une cellule monocellulaire microscopique sur Mars, la conquête de cette même planète par l’Homme s’arrêtera, au nom du sacro-saint dogme de certains scientifiques qui vous avanceront (avec l’aide de groupes de pression plus ou moins écologistes) qu’il ne faut pas polluer la planète. L’argument écologique se retournera contre les bonnes volontés de notre agence. Dans tous les cas, le développement des activités humaines dans l’espace ne peut se justifier avec l’argument de la recherche de la Vie dans l’univers. Cet argument est souvent avancé pour apaiser une communauté scientifique qui domine parfois les décisions d’agences comme l’ESA ou la NASA depuis les années 70s. Les explications de Messieurs Allègre ou Lebeau sont sur ce point très clair : il est inutile d’envoyer des Hommes dans l’espace pour faire de la Science ou chercher la Vie : les robots suffisent amplement. Personne ne toléra des raisons aussi futiles. De plus, le système économique actuel n’acceptera en aucun cas de monter une expédition martienne pour les beaux yeux d’une Science, déjà bien mal en point. L’illusion entretenue par ce genre de déclaration est dangereuse pour la suite des événements. Cherchons une nouvelle argumentation pour Aurora. Par
ailleurs, notons que toute la phase robotique d’Aurora consistant
à faire de la reconnaissance scientifique ne devrait pas prendre
l’ampleur prise ces derniers temps mais devrait être perçue
comme de la reconnaissance géographique pour de futures missions
humaines. Excusez notre froide constatation mais Beagle 2, Pathfinder,
Spirit et son frère jumeau, Roseta, ExoMars, ou Mars Sample Return
n’en ont que faire de l’Homme ou de sa destinée dans
l’espace ! Ils sont là pour entretenir un intérêt,
pas trop cher, de quelques scientifiques qui n’ont eux aussi parfois
que faire d’une Spacefaring Civilization. Les missions
scientifiques doivent être néanmoins exécutées
et étudiées avec attention ! Mais nous avons bien peur que
ce ne soit plus des voies de garages qu’autres choses, que ne sauraient
pas justifier l’agence car jugées comme dépenses inconsidérées.
La Science, si elle doit être soutenu dans les futures missions
spatiales ne peut en aucun cas devenir l’argument majeur de ces
dernières. Nous souhaitons créer de nouveaux potentiels
d’activités en réactivant une politique spatiale habitée
ambitieuse qui pourra toucher l’économie, le business, la
société civile, la politique, le monde judiciaire, l’industrie,
ou encore la Science. Cette dernière viendra se greffer sur ces
développements des activités humaines dans l’espace,
et non l’inverse ! Rappelez nous si les Grecs ou Phéniciens
partirent fonder des colonies au Vème siècles avant JC pour
la Science ? Rappelez nous si les Portugais en 1430 passèrent le
Cap Bojador pour le Science ? Rappelez nous si les Espagnols traversèrent
l’Atlantique pour la Science ? Rappelez nous si les Portugais développèrent
le Brésil et leurs comptoirs extérieurs en Afrique pour
la Science ? Cortes, Colombus, Pizzaro, Magellan, Jacques Cartier, Dias,
Drake ou encore Vasco de Gama partirent-ils pour la Science et la recherche
de la vie au-delà des mers ? Et les anglais pendant tout la période
qui suit ? Les Américains conquirent-ils leur territoire national
au nom de la Science ? Allèrent-ils sur la Lune avec pour ambition
d’achever une mission scientifique ? Aussi mauvaises furent les
raisons de certains, aussi bonnes furent celles des autres, La science
ou même l’exploration ‘’stricto sensu’’
ne conduisirent pas ces hommes à affronter les mers et les océans.
La Science et la recherche de la Vie les intéressaient si peu.
Certes, nous sommes entré dans une ère où la Science
prit une place importante dans la vie de tous, - elle nous a permis d’arriver
en grande partie là où nous en sommes. Mais la Science en
soi n’est pas autosuffisante, elle est souvent guidée par
de multiples raisons. Faire de la Science pour la Science ne peut en aucun
être justifié raisonnablement. Alors aussi louables soient
les plans d’Aurora, la partie scientifique ne peut justifier la
partie humaine. D’ailleurs notons qu’entre les missions robotiques
et la prévision d’envoyer des hommes sur la Lune pour 2024
(quelle précision), il se passe 10 ans. 10 ans de mystère
et d’hypothèses ! Nous soutenons avec vigueur Aurora. Et même si le contenu, l’agenda ou les intentions diverses du programme peuvent être discutés, nous allons dans le bon sens. Nous le répétons, ici, l’ESA peut encore s’engager sur la voie d’une politique spatiale habitée ambitieuse, mais elle ne trompe personne en faisant des déclarations d’intentions flambantes et quelques peu surfaites, en nous ressortant un programme qu’elle soutient si peu depuis 2 ans ! Dans la même veine que les agitateurs d’idées des années 90s, nous souhaitons que le débat s’ouvre concrètement en Europe afin de définir et statuer sur le destin de l’Homme dans l’espace. L’audace qu’il nous faudra pour créer une nouvelle problématique autour du secteur spatial nécessite bien la réunion d’Etats-Généraux pour une politique spatiale habitée ambitieuse. Nos 15 propositions ou encore l’Initiative Spatiale Européenne de la NSS France soutiennent, par essence, Aurora mais elles mettent aussi en valeur la mise en chantier d‘un moyen rapide d’accéder à l’Espace. Tout en développant en parallèle le long ou moyen terme. A la différence de la déclaration américaine, le communiqué de presse ne fut pas soutenu par un homme politique européen. Loin s’en faut. C’est juste une déclaration d’agence. Pourtant il va devenir de plus en plus urgent que les Hommes politiques soutiennent une politique spatiale habitée ambitieuse : c’est aussi le travail de l’agence de faire connaître un programme cohérent, ambitieux et soutenable politiquement. L’ESA peut encore réagir ! Epilogue. Enfin nous rappellerons que depuis le 2 février 2004, le parlement européen soutient officiellement le Livre Blanc qui s’est transformé en résolution. Il n’est donc pas impossible de concilier intérêt politique et espace. Pourtant le White Paper ne contient pas de propositions cohérentes pour l’espace habité, mais montre que les étapes suivantes sont atteignables facilement. Le Livre Blanc, de tout façon, semble déjà être devenu un peu plus blanc cassé ces derniers temps avec les énièmes problèmes rencontrés par Galileo. Ce manifeste voulu par le commissaire Busquin ne parle que d’applications ‘’à la mode’’ autour de l’Espace (GPS, GMES, Défense, etc.), et même, si nous soutenons ces dernières, car elle devraient être fonctionnelles depuis longtemps et qu’elles font parties des intérêts stratégiques de l’Europe. L’ampleur prise par le vide du White Paper concernant le vol habité avec des moyens européens attise notre réticence au regard à ce papier. La résolution votée est dramatique pour l’industrie européenne : Les articles 14 et 15 attribuent Soyouz à Kourou officiellement comme le futur moyen de lancement des vols habités européens… Il est pourtant encore temps de réagir. Aurora ne se fera pas en Soyouz ! La commission européenne avec l’aide de l’ESA pendant ce temps analyse le sens de la nouvelle politique spatiale européenne…. Le manque d’audace et de leadership que montrent parfois nos responsables politiques ou d’agences, semble nous donner raison. Il est temps de débattre démocratiquement sur un sujet qui nous concerne tous ! Que la Commission Européenne organise ces audits, réunions, Etats-Généraux, ou assises, peut importe le nom, mais que soit redéfinie la problématique autour de l’Espace. Nous le disions précédemment, il est encore temps de réagir avec audace, charisme, vigueur, et détermination. L’ESA, ou l’Union Européenne nous ont fait rêvé jusqu’à là, passons désormais à la concrétisation de nos ambitions. Nicolas
Turcat – Président de la National Space Society France. Le
texte et les propos sont la propriété et la responsabilté
de Nicolas Turcat. Pour toutes réponses, adressez vous à
: nssfrance@hotmail.com |
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