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DES ETATS GENERAUX POUR UNE POLITIQUE SPATIALE AMBITIEUSE !

par Nicolas Turcat, Président de la National Space Society France, Etudiant en Histoire de l’Innovation à la Sorbonne Paris IV-

Le 8 août 1789 dans un sursaut de lucidité dramatique, le Roi de France convoquait les trois ordres sociaux de la France de l’Ancien Régime ; Le Tiers-état, le clergé,et la noblesse ; pour former une assemblée de délégués venant de tout le pays et imposerait des réformes. Dernière solution proposée par Loménie de Brienne avant de démissionner, contrôleur général des Finances, sans expérience et sans imagination, la dernière convocation des Etats-Généraux datait de 1614. Grande réunion censée représenter les forces vives du royaume, elle permettait de faire voter des impôts exceptionnels. Dans le contexte de 1789, elle avait été convoquée pour faire des réformes financières mais aussi sociales fondamentales (un impôt pour la noblesse devait y être abordé). Le 5 mai 1789 s’ouvrait, donc, les Etats-Généraux dans l'hôtel des Menus Plaisirs, à Versailles, faisant suite à d’impatients et vigoureux débats dans les provinces de France, ainsi qu’à de mauvaises récoltes et un hiver très dur. Les discours inconsistants de Louis XVI et de son ministre Necker déçoivent les députés de tous bords. "La bataille est engagée" écrira le soir même un député du Tiers, non contre le Roi, mais avec le Roi pour sauver le royaume. Le 17 juin 1789 est entamée une étape supplémentaire avec la déclaration du Tiers-état, aidé de quelques membres du clergé, de se constituer en assemblée nationale. Le 20 juin, les députés dissidents se réunissent dans la salle du jeu de paume à Versailles pour se promettre de rester solidaire jusqu’à ce que le royaume se dote d’une constitution. Trois jours plus tard, et grâce à la fougue d’orateurs comme Bailly, Mirabeau, l’abbé Grégoire ou Sieyès, le Roi cède en autorisant l'ensemble des députés à rejoindre l'assemblée nationale. L'absolutisme royal est discrédité. La Révolution peut commencer.

Dans une communication précédente, l’association, déclarée loi 1901, National Space Society France a déjà appelé à la formation, sous l’égide des agences spatiales et institutions européennes, d’Etats-Généraux pour une politique spatiale ambitieuse par l’Homme et pour l‘Homme. L’esprit constructif et en rupture avec le passé des Etats-Généraux de 1789 peut nous servir pour mieux comprendre notre démarche. Nous ne disons pas que la situation est similaire mais l’idée régnante, qui était de faire avancer le royaume dans des temps nouveaux doit servir d’exemple pour tous. Cette volonté créatrice d’avenir est dans l’esprit de tous avant les Etats-Généraux – il suffit pour cela de lire la candeur, l’espoir et l’optimisme mis dans la rédaction des cahiers de doléances entre l’automne 1788 et le printemps 1789. Notre république découle directement de cet événement. La constitution de l’assemblée nationale présidée par Bailly est la première étape vers la Révolution française, qui malgré tout, fut une avancée majeure pour notre pays. Cette étape le fit entrer de plein pied dans le monde moderne et générateur d’idéaux égalitaires, démocratiques et fraternels. L’Europe politique de notre temps est à l’orée de sa constitution. Le temps est venu de bâtir et d’unifier notre continent sur de solides bases. Ces fondations peuvent être constituées de grands projets porteurs d’avenir pour la Société européenne, ainsi que des projets stratégiques qui établiront l’Europe dans le cercle des nations puissantes, ouvertes et crédibles. Une politique spatiale habitée ambitieuse, pour ces raisons, peut faire partie de ces grands projets. Nous pensons que l’espace habité est le seul secteur d’activité qui soit aussi porteur d’avenir économiquement, politiquement et socialement. Un développement des activités humaines de l’Espace permettra de créer de nouveaux potentiels d’activités, vecteurs fondamentaux pour l’ouverture de notre économie à de nouvelles sphères du même ordre. Le temps n’est plus à d’interminables partages mais à créer une donne encore plus grande. Une politique spatiale habitée ambitieuse peut nous permettre d’atteindre cet incorruptible but qui est d’élever notre société afin que tous puissent y participer en toute égalité.

Mais la réalité actuelle est tout autre, nous ne reviendrons pas sur le sombre tableau que nous offre tous les jours notre continent. Comme étudiant de 24 ans, j’espère mieux pour les miens et mes concitoyens européens. Nous connaissons l’inertie de nos décideurs et nos institutions. Ces dernières n’ont plus de sens, et beaucoup d’entre vous ne se reconnaissent plus en eux. Incapables de proposer quelque chose de novateur, un futur décent ou un projet d’avenir enthousiasmant, acculés à un système qu’ils ont eux-mêmes créé et qui les détruit tous les jours, acteurs parfois involontaires mais serviles d’une hiérarchie, nous connaissons les résultats de leurs politiques. Pourtant le temps doit être à l’optimisme, c’est dans les situations les plus sombres qu’ont su surgir les solutions et les espérances les plus folles pour donner lieu à des propositions qui éclairèrent l’avenir d’une façon novatrice. L’Homme ne peut s’arrêter de progresser, il s’agit maintenant de passer à l’étape suivante de manière volontaire, réaliste mais ambitieuse. C’est la raison pour laquelle nous appelons tous les acteurs de notre société concernés par l’Espace à participer à la formation d’assises générales de l’Espace ou plus simplement intitulées : Etats-Généraux pour une politique spatiale ambitieuse, où pourrait être défini un leadership européen dans le domaine et où des propositions concrètes et réalisables politiquement pourraient être proposées. Le court, moyen et long terme devront être débattus, la politique spatiale habitée, remise en cause et décidée de façon réelle, la problématique autour des applications fondamentales ainsi que de la recherche et développement débloquée. Ce grand forum de discussion et de décision devrait prendre place dans les plus bref délais. Dans un pays ou un continent qui se targue d’être à l’écoute de toutes les tendances et opinions, les hommes politiques devraient enfin comprendre la nécessité de redéfinir la problématique de notre société. Comment faire pour que tous puissent être partie prenante de la société que nous bâtissons ? La solution viendra, en majeure partie, en s’engageant dans une politique spatiale habitée ambitieuse, une politique de recherches fondamentales, ou de développement du secteur de l’innovation réelle (R&D, synergie publique-privée, etc.), tout en menant une politique sociale juste, une politique qui mettra l’éducation nationale comme priorité nationale ou en poussant au développement du tiers-monde. Ce ne sont ici que quelques idées pouvant êtres débattues mais montrant à quel point l’Espace concerne le monde politique. Trop souvent l’espace habité fut montré comme le rejeton de la Real Politik de certains, l’impérialisme ou l’hégémonisme d’autres, il s’agit de bâtir une nouvelle problématique autour de la politique spatiale habitée et de voir plus loin que le bout de nos finances. Le travail est énorme.

Seule la réunion de ces Etats-Généraux pourra nous éclairer sur l’état de notre continent et statufier les volontés de nos décideurs, c’est aussi une opportunité pour tous de faire émerger des propositions. Le débat se devra d’être des plus constructif et novateur. La NSS France a vocation de permettre aux idées de s’exprimer. Nous l’avons fait par le passé avec nos 15 propositions sur 5 ans, ou l’Initiative Spatiale Européenne, nous le refaisons en proposant ces Etats-Généraux sous l’égide de nos institutions européennes tutélaires. Comme lors du serment du Jeu de paume le 20 juin 1789, les députés jurèrent de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie, nous ne nous séparerons pas avant d’avoir fait des propositions concrètes, raisonnables mais ambitieuses. Nous aurons alors pavé la route et pris l’initiative d’espérer un avenir meilleur. Toutes ces espérances, je le souhaite de tout cœur, ne seront pas vaines. Le sujet mérite d’être débattu. Il s’agit d’engager l’Europe dans une ère nouvelle.

Nicolas Turcat
Président de la National Space Society France.

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