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La Lettre
 

La lettre N°2 Ter - Fév. 2002 - Nos réactions face à l'actualité...
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Récemment nous émettions dans la lettre numéro deux un appel en faveur d'une Politique adéquate pour le Centre National d'Etudes Spatiales. Aujourd'hui nous assistons, après la remise du Rapport de la Commission de Réflexion sur la Politique Spatiale Française, à la démission du Président Bensoussan ? Ce dernier semblerait quitter l'Agence car les moyens de résorber les problèmes hérités d'une autre Administration ne lui sont pas donnés.
 
   
  L'accident de Columbia, comme celui de Challenger en 1986, nous permet d'assister à une 'bouffée émotionnelle' contre le vol spatial habité. Avec en France la disparition d'Albert Ducroq, il sera difficile de trouver un article favorable et bien argumenté sur le sujet. Malgré tout nous avons essayé, dans un premier temps, de résumer les arguments qui réapparaissent le plus souvent et de les classer avec leurs diverses sources (les sites Internet n'apparaissent pas pour le moment). Il en existe sûrement d'autres, nous n'avons pas tout relevé et le travail est fastidieux, cet essai peut et doit être amélioré. Cependant chaque argument contre le vol spatial humain peut être analysé, démonté et une autre approche favorable peut-être proposée.  
     

   


Récemment nous émettions dans la lettre numéro deux un appel en faveur d'une Politique adéquate pour le Centre National d'Etudes Spatiales. Aujourd'hui nous assistons, après la remise du Rapport de la Commission de Réflexion sur la Politique Spatiale Française, à la démission du Président Bensoussan ? Ce dernier semblerait quitter l'Agence car les moyens de résorber les problèmes hérités d'une autre Administration ne lui sont pas donnés !!


Vouloir un 'CNES fort' c'est bien, mais pourquoi faire et avec quels moyens ? Réduire le programme spatial aux éternelles applications espérées rentables sur lesquelles toute la planète s'échine, à un programme scientifique et un suivisme dans le domaine militaire ou de la sécurité, le tout soupoudré de maigres crédits, s'appelle de la gestion des affaires courantes, en aucun cas une Politique.
A tous ceux qui espèrent un programme spatial habité dynamique, ou qui ont des doutes sur l'ampleur de la tâche à accomplir afin de rendre concrète l'hypothèse de l'Homme dans l'espace pour y travailler et y vivre, nous suggérons la lecture de ce Rapport de la Commission de Réflexion ou le Livre Vert de la Commission Européenne. Beaucoup de phrases 'fortes', des projets très politiquement 'à la mode' mais concrètement aucune proposition capable de créer un avenir.
A propos de 'marché', à tous ceux qui méprisent l'Imagination dans les sciences et techniques, qui ne voient dans l'Homme dans l'espace " que la part du rêve ", nous soumettons l'hypothèse (de science fiction) suivante : Si l'Europe avait, dans les années 1990 construit Hermès !? Bien sûr lorsque les 'staffers' des Décideurs politiques européens lisent la presse aérospatiale et y considèrent le projet américain d'avion spatial orbital (OSP + EELV = grande similitude avec Hermès + Ariane V) espéré en 2010, ils peuvent toujours se dire " bof, cela fera comme leurs nombreux projets antérieurs : X-30, X-33, des études papiers, quelques essais, puis rien ". Mais aujourd'hui - et loin de nous tout cynisme - après le malheureux accident de la navette Columbia qui coûta la vie à 7 astronautes et repousse l'inéluctable échéance de l'Homme dans l'espace, concrètement l'Europe ne serait-elle pas en mesure avec Hermès de participer activement, efficacement et indépendamment au soutien d'une véritable politique spatiale à l'échelle planétaire ? Moyen d'accès adapté, spécifiquement européen, à l'orbite basse et à la station ; véhicule de secours de cette station ; avion spatial orbital entre la fin des Soyouz et l'arrivée de l'avion américain en 2010 ; moyen d'accès aux cas où les autres systèmes auraient un problème : voilà des potentialités qu'Hermès aurait pu accomplir, des 'marchés nouveaux qui auraient pu être conquis, plutôt que de ferrailler sur des applications à bout de souffle.


Mais l'Histoire ne peut se réécrire, seules les conséquences peuvent en être tirées, l'avenir peut à chaque instant s'inventer.

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"concrètement, l'Europe ne serait-elle pas en mesure avec Hermès de participer activement, efficacement et indépendamment au soutien d'une véritable politique spatiale"
 
 
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L'accident de Columbia, comme celui de Challenger en 1986, nous permet d'assister à une 'bouffée émotionnelle' contre le vol spatial habité. Avec en France la disparition d'Albert Ducroq, il sera difficile de trouver un article favorable et bien argumenté sur le sujet. Malgré tout nous avons essayé, dans un premier temps, de résumer les arguments qui réapparaissent le plus souvent et de les classer avec leurs diverses sources (les sites Internet n'apparaissent pas pour le moment). Il en existe sûrement d'autres, nous n'avons pas tout relevé et le travail est fastidieux, cet essai peut et doit être amélioré. Cependant chaque argument contre le vol spatial humain peut être analysé, démonté et une autre approche favorable peut-être proposée.

Arguments philosophiques
Arguments scientifiques
Arguments techniques
Arguments financiers
Arguments historiques
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L'homme n'a pas de destinée dans l'espace, il n'a rien à faire là-haut - Il n'est pas efficace dans l'espace - Il coûte trop cher à placer dans l'espace et à faire vivre là-haut - L'homme est une créature laide, sale, méchante. - Anti-progrès, orgueil technologique
Les seules potentialités de l'espace ne se réduisent qu'à l'observation et à l'acquisition de connaissances scientifiques, donc l'homme est inutile, des sytèmes automatiques font cela mieux que lui.
La navette, l'ISS doivent être arrêtées pour des arguments techniques comme celui de la sécurité. Certains espèrent atteindre les 100% de sécurité et l'efficacité la meilleure avec d'hypothétiques nouvelles technologies permettant de tout faire cheaper.
Il n'y a pas de retombées immédiates et médiatiquement visibles pour justifier le programme de vols habités. L'argent investi dans ces programme le serait mieux sur des problèmes à résoudre sur Terre. L'argent dépensé dans le spatial humain est inutile. Chiffres cités hors de leur contexte.
Sous-produit de la Guerre Froide. Désintérêt de la majorité, mais ne se pose pas la question de savoir pourquoi la majorité a changé. Empirisme. Connaissances insuffisantes de l'histoire des programmes spatiaux
Auteurs
références
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J.E. Blamont
Le chiffre et le songe
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C. Allègre
L'Express 06/02/03
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P. Baudry
Le Figaro 03/2/03
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H. Ponchelet
Le Point 07/2/03
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F. Guterl
Newsweek 17/2/03
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G. Esterbrook
Time 10/2/03
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G. Dupuy
Libération 12/2/03
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S. Huet
Libération 03/02/03
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A. Lebeau
La Croix 03/02/03
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F. Gruhier
Nouvel Obs. 06/02/03
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P. Krugman
Int. Herald Tribune 05/02/03
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C. Chatellin
Valeurs actuelles 13/02/03
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E. Dupin
Le Figaro 20/2/03
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J.F. Augereau
Le Monde 20/02/03



La palme pour le moment revient à Monsieur Fabien Gruhier pour " Columbia ou la défaite de l'espace " dans le Nouvel Observateur du 6 février, et qui nous gratifie régulièrement de sa prose. (Voir : 'Quarante ans de conquête spatiale Espace : place aux robots.' N.O. du 2 au 8 novembre 2000). Lire son article n'apprend rien sur le sujet, mais ce monsieur doit avoir de sérieuses rancœurs ! Le deuxième prix irait bien à Monsieur Baudry pour ses diverses interventions empreintes de contradictions, notamment celle à l'émission de France 3 'On ne peut pas plaire à tout le monde' du 7 février. Enfin Monsieur Gérard Dupuis avec son article : " De l'inutilité des vols spatiaux " dans le journal Libération du mercredi 12 février ajoute sa griffe, plus précise à l'entreprise de démolition ; mais pour ce qui est de l'évidente pudeur des opposants, il repassera, Monsieur Baudry avait commencé à intervenir 3 jours après l'accident !
La chronique du International Herald Tribune du 5 Février 2003 avec un contribution de Paul Krugman : " Spaceflight ? As it is now, better leave humans out " est une synthèse de beaucoup d'arguments contre les vols humains. Tout d'abord Paul Krugman est économiste (conseiller économique à la Maison Blanche 1982-83) et maintenant chroniqueur au New York Time.
Essayons de reprendre ses argument, et tout d'abord deux réflexions :
L'auteur nos dit " … Dans les années 60, le voyage spatial habité fut une extension de la Guerre Froide… ". Il est très à la mode d'interpréter le vol spatial habité de cette manière, mais rappelons seulement que cette idée date de bien avant la Guerre Froide. Dès les années 1925 de nombreux groupes dans divers pays travaillaient sur le sujet du vol interplanétaire par l'homme et les fusées sont issues de ces travaux. Disons plus honnêtement que le vol spatial humain saisit l'opportunité de la Guerre Froide pour se réaliser à la suite de la maturité de l'outil adéquat : le missile. Dans l'histoire nombreuses autres techniques ou activités, saisirent des opportunités militaires pour se concrétiser.
Puis l'auteur se plaint de ce que la navette ne remplisse pas ses promesses en matière de réduction de coûts tel que cela était espéré. Et cela est vrai, les vols navette sont très chers et l'engin est opérationnellement lourd. Mais Monsieur Krugman devrait se remémorer la gestation de l'engin entre 1969 et 1972, le chaos politico-economique qui entacha le processus de choix de configuration que nous subissons actuellement. Doit-on rappeler les analyses de Mathematica Inc. de Monsieur Morgenstern et compagnie. A l'époque courait une boutade qui affirmait que l'ingénieur-concepteur du système de transport spatial était le " General Accounting Office " ! Jamais ce véhicule réutilisable conçu au début des années 1970 pour une utilisation déterminée dans le contexte d'un programme spatial élaboré avec les concepts du " Report for the Space Task Group " de septembre 1969 n'était prévu pour durer 35 ans ou plus, avec des changements réguliers de stratégie d'utilisation et dans l'enfer des contraintes économiques continuellement imposées par le système financier depuis 1971. La station née en 1983 subit depuis 20 ans exactement la même pression, les résultats sont prévisibles ! Surtout que l'on ne nous dise pas qu'il n'y a pas d'argent, lorsque l'on sait que l'on peut dépenser 360 milliards de dollars par an pour un budget militaire ou encore que les gâchis financiers de la bulle Internet ou les divers scandales financiers de ces 10 dernières années ont fait envoler en fumée des milliards de dollars. D'autres priorités, sûrement mais ce problème de l'argent n'est pas spécifiquement américain il est global. Plus loin Monsieur Krugman nous affirme " … Le voyage spatial humain restera prohibitivement dispendieux jusqu'à ce qu'il y est une percée dans les systèmes de propulsion - jusqu'à ce que les fusées chimiques soient remplacées par quelque chose de meilleur. … ". Cette phrase est exacte, le vol spatial humain coûte cher, cependant la " percée " qui permettrait des mises en orbite basse à bas coût n'apparaîtra pas par miracle ou par accident. Les directions à explorer sont connues, mais la " machine à progrès " doit être remise en route, la Recherche le Développement doivent être soutenus de façon très dynamique ; et ce n'est plus le cas aux Etats-Unis ni en Europe depuis vingt ans. Non seulement les financements n'existent pas, mais tout un potentiel humain se détourne de ces branches techniques devenues trop aléatoires pour se diriger vers la finance, le business etc. où les chances de réussite y sont beaucoup plus grandes. L'âge moyen des personnels de la NASA ou le rapport au Congrès de la " Commission sur le Futur de l'Industrie Aérospatiale Américaine " sont édifiants dans ce domaine ! L'histoire des récents projets comme le X-30 ou le X-33 met en évidence la puissance des contraintes notamment financières qui conduisent rapidement à la paralysie puis à l'abandon du projet. De même diverses initiatives privées plus classiques, faute de marchés et par conséquence d'investisseurs, débouchent sur des impasses comme par exemple le Roton. Nous tournons en rond et là encore le système politico-financier actuel se trouve dans l'incapacité de créer les conditions favorables à la naissance d'une technologie capable d'abaisser sérieusement le coût de la mise en orbite basse.
Pour Monsieur Krugman le vol spatial humain est dispendieux, il ajoute " … Dans l'espace voyez vous, les gens sont une nuisance. Ils sont lourds ; ils ont besoin de respirer ; compliqué en tout, comme nous l'avons appris si tragiquement, ils ont besoin de retourner sur Terre. … ". En dehors du fait que cette vieille conception de l'Homme " qui dérange, qui gêne ", est une vision philosophique partagée par certains milieux liés à la finance-business ou chez d'autres adeptes de " mère Nature ", ce point peut-être éclairé autrement : C'est bien parce que le défi de mettre l'Homme dans l'espace est difficile et compliqué qu'il est réellement un moteur pour l'avancée et le progrès de l'Humanité. Prenons une sonde automatique comme Clémentine, mise en orbite par un lanceur classique et qui réalisa une belle moisson de données scientifiques sur la Lune, combien a-t-elle fait travaillé de gens ? Quel progrès a-t-elle apporté, Avant, puis deux mois après la diffusion des informations, quel est son impact sur la société ? Quelques livres, quelques papiers dans des conférences ! Qui s'en souvient en dehors des milieux concernés ? Tout cela est bien pâle à côté d'un programme comme Apollo et de l'enthousiasme qu'il leva. Les conséquences de cela sont simples : le vol habité et l'établissement des hommes dans l'espace, par les difficultés qu'ils posent, par les défis demandant à être relevés par l'ensemble des sciences et techniques, en plus d'être un facteur d'innovation, sont une locomotive puissante et la plus efficace pour faire avancer la planète vers le futur. Pas un projet d'aménagement sur Terre, ou une flotte de sondes automatiques vers Mars ou Europa n'auront cette capacité pour nous propulser vers des sphères économiques plus importantes. Ajoutons que chercher systématiquement des retombées directes, immédiates et monnayables relève de l'ignorance, avec cette conception rien de ce que nous connaissons ou utilisons n'existerait. La création de nouveaux potentiels d'activités générateurs de richesses nécessite une vision, de la confiance, de l'ambiance et de l'incitation. Une retombée fondamentale de Gemini et d'Apollo fut d'avoir participé à l'élaboration d'un processus économique en croissance : 410.000 personnes travaillaient en 1965 pour 12 hommes sur la Lune, nous en sommes loin en 2002 avec 30.000 emplois dans le spatial pour l'Europe. Enfin il nous reste à aborder la question de fond que l'éditorialiste soulève avec ces phrases : Si nous trouvons la percée technologique miracle qui nous autorise une mise en orbite basse à faible coût, " … et même alors, y a t'il une bonne raison pour envoyer des gens, plutôt que nos machines toujours plus sophistiquées, dans l'espace ? … J'ai essayé de penser aux choses étonnantes que l'on aurait pu faire dans l'espace ces trente dernières années et un vide apparaissait. L'observation scientifique ? Les machines peuvent le faire. Exploiter les astéroïdes ? Une idée douteuse, mais même si elle a un sens, les machines peuvent faire cela, aussi. … La triste vérité est que pendant de nombreuses années l'agence spatiale américaine a lutté pour inventer des raisons pour mettre l'Homme dans l'espace… " Il est évident qu'observer la Terre, ou le ciel, extraire du minerai d'astéroïdes sont des travaux fastidieux que les machines font beaucoup mieux que l'Homme. Cette hypothèse du vol habité ne se résume pas au débat sur l'opposition entre hommes et machines pour des tâches répétitives et ingrates ; cela fait deux cents ans que l'on sait qu'il existe une harmonie entre les deux afin d'accomplir un travail ! Ce n'est pas non plus une question de basse gestion financière, mais seulement et naturellement depuis que l'Homme existe, un problème de choix de société : L'une est gérée par une 'élite' politique-médiatique-financière dans laquelle le rôle de l'humain est limité à celui d'un individu client-consommateur dans une sphère économique fermée, tout est fonction d'une optimisation financière au bénéfice d'une nébuleuse d'investisseurs qui privilégient les retours juteux et rapides. Les espoirs et les rêves des êtres dans ce système sont, soient formatés par les média (sport, star system) et mercantilisés, ou soient réalisés dans le virtuel. Dans cette société entropique, l'homme devient rapidement une nuisance et un prédateur pour l'autre. La seconde conception étant celle d'une société où l'Humain est perçu comme la vraie richesse, l'argent servant principalement à lui construire un futur, et c'est là que l'économie fonctionne le mieux car il faut entreprendre pour agrandir la sphère d'activités. La capacité à concevoir, à créer, des individus si elle se traduit en progrès, tout en relevant une succession de défis, permet d'acquérir de nouveaux potentiels d'activités. Ce concept fonctionne d'autant mieux que le défi est Grand, car il demande de l'enthousiasme, et un large ensemble de capacités de création ; par la dynamique qu'il engendre il offre à tous la possibilité d'un avenir décent. C'est précisément là que le développement progressif des activités humaines dans l'espace est fondamental pour qui prétend s'intéresser au devenir de cette humanité. Le fait que ce défi soit énorme, nécessitera pour être relevé, que toutes les sciences et techniques, l'éducation, l'économie, le politique, soient mises à contribution, c'est cela qui créera l'onde de choc qui nous hissera vers une sphère économique supérieure. Fabriquer des satellites d'applications ou des flottes de sondes automatiques d'observation, n'aura jamais l'impact d'une base scientifique et industrielle sur la Lune ou sur Mars. Faire vivre 50 personnes sur la Lune, établir un système de transport spatial efficace, mener ces avant-postes à l'autonomie exigera de gros investissements économiques, scientifiques, industrielles et intellectuels, mais cela n'est pas coûteux en regard de l'avenir que l'on offre à cette planète. Nous rappellerons aux esprits comptables que la Space Exploration Initiative du Président G. Bush en 1990 avait été évaluée à 500 milliards de dollars ! Chiffre qui fit crier haro, mais bien sûr on oubliait de préciser que c'était sur trente ans ! ( $17 milliards/an, le budget de la NASA est actuellement de $14,5 milliards/an) mais qu'est-ce en comparaison d'un budget militaire de 360 milliards de dollars par an ?!

Un argument souvent produit ailleurs que dans l'article de Monsieur Krugman suite à l'accident de Columbia, est celui selon lequel les navettes ne sont pas sûres, elles sont vieilles, il faut les arrêter !


En dehors du fait que jamais l'homme dans son histoire n'a arrêté un système technique parce qu'il avait eu un ou plusieurs accidents, mais au contraire chercher à le repenser afin d'améliorer sa sûreté et son efficacité, dans le cas des trois navettes restantes s'ajoute un aspect fondamental. Si ces dernières sont arrêtées, la station le sera, alors pour longtemps le programme spatial habité sera remisé. Pourquoi ? Parce que le système politico financier actuel n'est absolument pas intéressé à soutenir de " grandes choses " dans ce domaine, le risque est trop grand et les retours trop lointains. Comme nous l'avons noté plus haut, toutes les tentatives publiques ou privés de lanceurs réutilisables (X-33, Roton etc.) se sont soldées jusqu'à ce jour par des échecs. Les pouvoirs politiques en Europe comme aux Etats-Unis sont indifférents aux vols habités. Et les technologies " miracles " tant espérées n'arriveront pas, car nous ne les cherchons pas sérieusement et le défi de la sortie du puits gravitationnel terrestre d'une manière efficace n'est pas simple. Donc l'argument est vicieux car il risque d'anesthésier le vol habité pour période indéfinie, certains le souhaitent sûrement. Deux solutions existent : soit encore améliorer la sûreté des trois navettes restantes pour les quelques années à venir, en attendant autre chose ? Soit créer une dynamique politique en faveur d'un programme spatial capable de créer une " spacefaring civilisation " ; sommes-nous prêts pour cela ?


NB: A noter la colonne - chronique de Jacques Atalli dans L'Express du 06/02/03, critique dans sa première partie, il en arrive à la conclusion politique que le fait de ne pas participer à cette aventure est LE signe de la viellesse de notre continent, c'est bien celui-là ... merci....

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